Depuis trois mois, Jénine vit sous le feu et l’ombre d’une occupation qui ne recule devant rien. Ce qui fut un centre de vie et de culture palestinienne est devenu une ville fantôme, encerclée, détruite pierre par pierre, maison par maison. Mais au cœur de ce siège, une volonté demeure : celle de ne pas disparaître.
Les rues de Jénine résonnent désormais du grondement des bulldozers militaires, des tirs nourris, et du bourdonnement constant des drones israéliens. À chaque nouvelle aube, les quartiers se réveillent un peu plus vides, marqués par les incendies, les démolitions, les arrestations. Des dizaines de familles, chassées sans avertissement, ont trouvé refuge dans les dortoirs d’universités ou sous des abris de fortune, dans un exil forcé à quelques kilomètres seulement de chez elles.
Ce n’est plus une opération militaire. C’est une stratégie de dissolution lente, où la terre est nivelée, les maisons reconverties en postes avancés, et les habitants effacés. Le camp de Jénine, naguère symbole de résilience, est devenu un champ d’expérimentation pour une occupation qui cherche à faire taire toute forme de résistance – par l’asphyxie, l’épuisement, la peur.
Pourtant, même en ruines, Jénine parle. Par ceux qui refusent de partir. Par ceux qui documentent, reconstruisent, accueillent les déplacés avec le peu qu’ils ont. Par ceux qui, face aux tirs, rappellent que leur ville n’est pas un champ d’entraînement, mais un foyer, une mémoire, une identité qu’on ne pourra pas raser.
Face à l’indifférence internationale, Jénine résiste. Non pas seulement pour survivre, mais pour dire au monde : nous sommes encore là.
Source : Safa News