Cinquante-six ans après l’incendie criminel qui a ravagé la mosquée Al-Aqsa, le lieu saint reste sous une menace constante. Ce qui a commencé par des flammes en 1969 s’est transformé, aux yeux de beaucoup, en une campagne plus large visant à altérer l’identité du site : incursions répétées, fouilles archéologiques et restrictions destinées à affaiblir son caractère islamique et à renforcer le contrôle sur l’enceinte sacrée.
L’incendie, allumé délibérément par un extrémiste australien, a détruit un tiers de la superficie de la mosquée et réduit en cendres un patrimoine inestimable, dont la chaire de Salah al-Din. Les arrivées d’eau avaient été coupées et les secours retardés, contraignant les Palestiniens des villes voisines à combattre le feu seuls. Si des décennies de restauration ont réparé une partie des dégâts, les cicatrices symboliques, elles, demeurent.
Aujourd’hui, Al-Aqsa fait face à des incursions quotidiennes de colons, protégés par la police israélienne, qui y accomplissent souvent des rituals perçus comme des provocations délibérées. Les excavations sous et autour du site se poursuivent, suscitant l’inquiétude, notamment avec les récents travaux de tunnel signalés place al-Buraq, à l’ouest de la mosquée. Pour les observateurs, il s’agit d’une stratégie coordonnée visant à imposer de nouvelles réalités : restreindre l’accès des fidèles musulmans et promouvoir le récit d’un prétendu « Mont du Temple ».
Les fêtes religieuses sont devenues des moments de tension extrême, marqués par des entrées massives de colons, un renforcement des restrictions pour les fidèles palestiniens et des vagues d’arrestations. Parallèlement, Israël entrave les travaux de restauration et marginalise le Waqf islamique, l’institution custode des lieux, affaiblissant son autorité.
Alors que l’anniversaire de l’incendie est commémoré, l’avertissement est clair : Al-Aqsa n’est pas qu’un vestige du passé, mais une cible vivante de politiques cherchant à fragmenter sa sacralité et à redéfinir son avenir. Pour les Palestiniens, la menace n’est plus celle d’un seul incendie : elle est devenue une entreprise soutenue d’effacement de leur histoire et de leur identité. Cinquante-six ans plus tard, la blessure reste ouverte.
Source : Safa News