La ville de Deir al-Balah traverse l’une de ses phases humanitaires les plus difficiles face à l’afflux massif de déplacés. Les habitants, piégés dans cette petite ville surpeuplée, attendent non seulement aux portes des tentes, mais aussi sur les routes, cherchant désespérément un moyen de transport pour rejoindre leur travail ou rentrer chez eux.
Avec ses 56 km², Deir al-Balah est devenue l’un des symboles les plus marquants de la tragédie palestinienne. Bombardements, routes détruites, infrastructures effondrées et ressources limitées : la ville peine à servir de refuge à des centaines de milliers de survivants. La crise des transports y est devenue quotidienne, aggravée par la rareté des véhicules privés et des charrettes à mule, désormais utilisées surtout pour évacuer les familles vers le centre et le sud de Gaza.
Dans des quartiers comme “Al-Balad”, où la surpopulation est extrême, les rues sont saturées de valises, de familles épuisées et d’enfants errant sans destination. Beaucoup n’ont d’autre choix que de parcourir de longues distances à pied, sous un soleil brûlant, au prix d’un épuisement physique et de graves risques pour la santé.
Les témoignages des habitants illustrent cette souffrance. Umm Salah Mahmoud raconte qu’elle doit partir de son abri à Al-Zawayda plus d’une heure avant son travail à Deir al-Balah, faute de transports disponibles. Souvent contrainte de rentrer à pied en plein midi, elle s’expose aux coups de chaleur, alors même que les cliniques manquent de médicaments. De son côté, le jeune marchand Kareem Ayad décrit l’épreuve de transporter ses marchandises à pied au milieu d’une foule “tremendissime”, aggravée par la pénurie de petite monnaie qui empêche parfois de payer une place sur les rares charrettes.
Pour les plus vulnérables, la situation est alarmante. Huda Abdulrahman, 60 ans, souffrant de diabète chronique, explique avoir perdu connaissance à plusieurs reprises dans les marchés bondés, où une minute de marche se transforme en un quart d’heure d’épreuve. Selon le maire de Deir al-Balah, Nizar Ayash, la ville était conçue pour 120 000 habitants mais en accueille aujourd’hui plus de 500 000, une surcharge insupportable pour ses infrastructures. Cette réalité, dit-il, ajoute une nouvelle couche de souffrance psychologique, transformant chaque déplacement en calvaire.
Source : Safa News