Sous une chaleur étouffante, dans une tente de fortune, Hanadi Al-Shandaghli veille sur ses enfants en attendant l'unique repas qu'ils partagent chaque soir. Autour d'eux plane l'ombre d'une opération militaire israélienne imminente, visant à occuper Gaza Ville et à pousser les habitants vers le sud. Pour Al-Shandaghli, qui a enduré près de deux ans de guerre et de pertes, l'idée de partir est inconcevable. « Nous avons tenu pendant les pires bombardements, pourquoi partir maintenant ? » dit-elle. « La vie dans les tentes n'est pas une vie, mais c'est encore notre maison. Si la mort vient, nous l'affronterons ensemble. »

Sa détermination résonne avec celle d'Abou Mohammed Al-Deeb, originaire de Chuja’iya, un quartier dévasté dès les premiers jours de la guerre. Il se souvient avoir refusé de fuir lors de la première vague de déplacements et n'envisage pas de changer d'avis. « Quitter Gaza, ce serait comme arracher l'âme du corps », explique-t-il, décrivant sa ville comme un lieu sans cesse reconstruit par ses habitants après chaque assaut. « Nous y avons plus droit que ceux qui tentent de nous effacer. La seule issue, c'est la fin de la guerre, pas la dispersion de son peuple. »

Cette résistance acharnée intervient alors que le cabinet de sécurité israélien approuve un plan pour prendre le contrôle total de Gaza, commençant par l'occupation de Gaza Ville et le déplacement forcé de près d'un million de personnes. Les chiffres de l'ONU révèlent que la majeure partie de la bande de Gaza est déjà sous contrôle militaire ou ordre d'évacuation, avec des avertissements sur des conséquences catastrophiques en cas de nouvelle expansion. Pourtant, malgré ces menaces, beaucoup refusent de plier, affirmant qu'aucune force ne les chassera de chez eux.

« Ils peuvent détruire nos maisons, mais jamais notre attachement à cette terre », murmure une vieille femme, les yeux rivés sur les ruines de son quartier. À Gaza, la résistance se mesure à l'aune de l'espoir, aussi ténu soit-il.