La Poésie Palestinienne en Résistance au Marché de la Poésie

Paris, 21 juin 2025 - Le 42ème Marché de la Poésie a ouvert ses portes en célébrant la littérature palestinienne, invitée d'honneur de cette édition. Une programmation poignante qui a mêlé hommages aux disparus et célébration de la création contemporaine, sous le regard ému de l'ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou-Hassira.

Dix voix majeures de la poésie palestinienne ont illuminé la scène parisienne, tandis que les absences d'Asmaa Azaizeh et Maya Abu Al-Hayat, représentées par leurs œuvres, rappelaient cruellement les obstacles auxquels font face les artistes palestiniens. "Leur poésie traverse les frontières que leurs corps ne peuvent franchir", a souligné Abdellatif Laâbi, marraine de cette édition.

Lors d'une table ronde avec Yves Boudier et Christophe Dauphin, ce dernier a analysé : "La poésie palestinienne contemporaine est le miroir brisé d'un peuple fragmenté. Elle s'écrit aussi bien dans l'exil intérieur que dans l'exil extérieur, faisant de la langue une patrie et du mot un abri."

La journée du 21 juin a offert deux temps forts. D'abord une rencontre avec Jumana Mustafa, Tarik Hamdan et Nida Younis, puis l'arrivée in extremis de Maya Abu Al-Hayat, venue de Jérusalem après un périple semé d'embûches. "Chaque voyage est une épopée pour nous autres Palestiniens", a-t-elle confié sous les applaudissements.

Le clou de la journée fut la lecture collective orchestrée par Abdellatif Laâbi, incluant un hommage déchirant aux "poètes empêchés" : Ghassan Zaqtan, Asmaa Azaizeh et tant d'autres, morts sous les bombes ou prisonniers de l'enfer gazoui. "Nous lisons pour ceux qui ne peuvent plus parler", a déclaré Najwan Darwish, la voix nouée.

Dans cette atmosphère où chaque vers portait le poids de l'histoire, Raed Wahesh et Marwan Makhoul ont rappelé que la poésie palestinienne n'est ni complainte ni victimisation, mais acte de résistance. "Nos mots sont des pierres et des fleurs à la fois", a lancé Hend Jouda sous les acclamations.

Alors que le marché battait son plein, un constat s'imposait : la poésie palestinienne, malgré les checkpoints et les deuils, continue de tracer son chemin, obstinément vivante. Comme l'a résumé un jeune spectateur : "Ils ont peut-être pris nos terres, mais jamais ils ne prendront nos mots."

Source : Safa News