Dans la bande de Gaza assiégée, un nouveau front de la guerre s'est ouvert : celui de la faim. Sous les bombardements et le blocus total imposé par Israël, la population affamée est désormais confrontée à un choix impossible - se nourrir au risque de s'empoisonner ou jeûner au bord de la mort.
Les étals des marchés, jadis bondés, ne proposent plus que des denrées dangereuses : boîtes de conserve gonflées, signe certain de botulisme ; farine infestée de charançons et de moisissures ; eau saumâtre, vecteur de maladies hydriques. "Nous donnons à nos enfants de la nourriture que nous savons toxique, en priant pour qu'ils survivent assez longtemps pour voir la fin de cette guerre", témoigne Ahmed, père de famille du camp de Jabalia.
Les centres de soins, déjà à bout de forces, sont submergés par les cas d'intoxication alimentaire. "Nous voyons des enfants mourir de diarrhées simples, faute de solutés de réhydratation", explique le Dr. Samira al-Haddad, pédiatre à l'hôpital Al-Shifa. Les méthodes traditionnelles de purification - comme faire bouillir les aliments pendant des heures - se heurtent à la pénurie de combustible. Résultat : les familles consomment des aliments avariés, déclenchant des épidémies de salmonellose et d'hépatite E.
Pour les observateurs internationaux, cette crise n'a rien de fortuit. "Priver une population de nourriture saine est une violation flagrante du droit international humanitaire", dénonce le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation. Alors que les convois humanitaires restent bloqués, Gaza vit un cauchemar sans précédent : celui d'une famine sciemment organisée, où chaque bouchée peut être la dernière.
Source : Safa News