Depuis plus de deux ans, les prisonniers palestiniens sont privés de visites familiales, une mesure qui a aggravé la souffrance de la détention et infligé de profondes blessures psychologiques aux détenus comme à leurs proches. Même brèves, souvent limitées à moins d’une heure derrière une vitre, ces rencontres constituaient un lien vital avec le monde extérieur. Leur suppression totale a plongé les prisonniers dans un isolement absolu, tandis que les familles restent dans l’attente, sans nouvelles, incapables de savoir si leurs enfants, conjoints ou parents sont en vie ou en bonne santé.
Le coût humain de cette politique apparaît clairement à travers le témoignage d’Ahmad Abu Suleiman, ancien prisonnier originaire d’Hébron, détenu administrativement pendant quatorze mois. Durant son incarcération, son épouse, enceinte et confrontée à de graves complications médicales, lui était totalement inaccessible. Privé de toute information, Ahmad n’avait pour seul refuge que ses rêves, interprétés avec ses codétenus comme des fragments d’une réalité inaccessible. Lorsqu’il a enfin appris la naissance de son enfant, lors d’une rare visite, ce moment lui a semblé être une parenthèse de liberté après des mois d’angoisse. Son histoire est loin d’être isolée et se répète dans de nombreuses prisons.
Les effets de cet isolement imposé dépassent largement les cas individuels. Des spécialistes estiment que priver les détenus de contact familial constitue une forme de torture psychologique systématique, aux répercussions durables sur la santé mentale et physique. Les familles vivent dans une tension permanente, les enfants grandissent sans réassurance, et nombre de prisonniers sortent profondément marqués. Pour les observateurs, il s’agit d’une stratégie silencieuse visant à couper les prisonniers palestiniens de toute attache humaine, aggravant encore les ravages déjà causés par la guerre génocidaire en cours.
Source : Safa News