Aux premières heures du matin, des dizaines de colons israéliens ont pris d’assaut une zone industrielle et agricole mixte près du village de Beit Lid, à l’est de Tulkarem, dans le nord-est de la Cisjordanie. Selon des sources locales, les assaillants ont incendié plusieurs véhicules, dont quatre camions de lait appartenant à une laiterie située dans la zone industrielle d’al-Lada’in, et ont causé d’importants dégâts à l’usine elle-même. Des terrains agricoles environnants, des structures métalliques et des tentes appartenant à une petite communauté bédouine ont également été détruits. Des témoins ont décrit des scènes de chaos, avec des colonnes de fumée s’élevant dans le ciel, les cris des femmes retentissant et des hommes tentant désespérément d’éteindre les flammes avec des seaux d’eau et des extincteurs.

Les habitants ont rapporté que les équipes palestiniennes de protection civile et les pompiers ne sont arrivés qu’après environ une heure de retard. Des vidéos montrent des colons descendant une colline en direction du campement bédouin, lançant des pierres et blessant au moins deux personnes à la tête. Des militants locaux ont indiqué que d’importants renforts de l’armée israélienne sont intervenus pour protéger les colons et disperser les Palestiniens qui tentaient de repousser l’attaque. Selon la Commission de lutte contre la colonisation et le mur (CRRC) de l’Autorité palestinienne, cet incident s’inscrit dans un « cycle permanent de terreur » mené conjointement par les colons et l’armée, rappelant que plus de 2 350 attaques de colons et 1 584 opérations des forces israéliennes ont été recensées en Cisjordanie le mois dernier.

Dans un contexte plus large, cette attaque illustre l’escalade dramatique de la violence coloniale à travers le territoire. Un récent rapport de l’ONU a relevé au moins 264 agressions de colons pour le seul mois d’octobre — le chiffre mensuel le plus élevé jamais enregistré depuis le début du suivi systématique en 2006. L’attaque contre la zone de Beit Lid, ciblant à la fois des infrastructures économiques, agricoles et résidentielles, démontre comment la violence coloniale étend désormais sa portée bien au-delà des villages isolés, frappant le cœur même des moyens de subsistance palestiniens.