Le serment de Gaza : le témoignage bouleversant de la Dr Nil Ekiz

Lorsque la Dr Nil Ekiz a mis les pieds à Gaza, elle pensait être prête au pire. Mais rien, ni son expérience ni sa formation, ne pouvait la préparer à ce qu’elle a découvert : une réalité qu’elle décrit comme « au-delà de l’imaginable », plus atroce que les pires scènes de films d’horreur. Les rues autrefois animées n’étaient plus que des sentiers de gravats, et l’air vibrait des cris de la faim et du deuil.

À l’hôpital Nasser de Khan Younis, où elle a travaillé plusieurs semaines aux côtés d’une petite équipe norvégienne, Ekiz a été témoin d’une souffrance indicible. Construit pour accueillir quelques centaines de patients, l’établissement en abritait près du triple. Des corps gisaient à même le sol, dans les couloirs et sur les escaliers — blessés par les bombes, les balles, ou rongés par la maladie faute de soins. Les médicaments avaient disparu, les anesthésiants étaient devenus un luxe, et les antalgiques introuvables. Les patients hurlaient pendant les opérations, tandis que les médecins, épuisés, suturaient à mains tremblantes, guidés par un ultime élan d’humanité.

Parmi les souvenirs qui la hantent, celui des enfants — nourrissons, écoliers, adolescents — dont les corps portaient les marques du génocide. Beaucoup ont été frappés alors qu’ils faisaient la queue pour un morceau de pain, d’autres arrivaient des tentes où la faim et les infections les dévoraient lentement. En réanimation, elle voyait des visages bien trop jeunes pour endurer tant de douleur. Ses collègues, eux, s’injectaient du sérum pour tenir debout, travaillaient sans manger, sans dormir, sans espoir — mais avec la conviction de soigner jusqu’au dernier souffle.

Avant de repartir, la Dr Ekiz a fait une promesse silencieuse : elle reviendrait. Non seulement pour soigner, mais pour témoigner. « Le monde doit savoir ce que nous avons vu », a-t-elle dit. « Parce que le silence, lui aussi, peut être une forme de complicité. »

Source : Safa News