À seulement sept ans, Mohammed Hijazi a vu sa vie basculer dans une obscurité irréversible — non pas par fatalité, mais par la brutalité d'une guerre qui ne lui laisse aucun répit. Le 25 mars 2025, alors qu’il jouait devant sa maison partiellement détruite à Beit Lahia, il a ramassé sans le savoir un débris explosif israélien enfoui sous les gravats. L’objet a explosé dans ses mains, le plongeant à jamais dans la cécité.
Avant ce jour tragique, Mohammed était un enfant insouciant, courant parmi les ruines avec ses amis, à quelques pas de l’hôpital Kamal Adwan. Aujourd’hui, il repose, brisé, dans un lit d’hôpital au nord de Gaza. Son œil droit a été retiré, et le gauche ne tient qu’à un infime espoir — celui d’un traitement médical à l’étranger, que le blocus israélien rend presque inaccessible.
« C’était un jour comme un autre », murmure son père, la gorge serrée. « Il jouait dehors, sans savoir que la guerre avait laissé un piège mortel sous la poussière. L’explosion... je l’entends encore. On l’a trouvé allongé, couvert de sang. Ses yeux ne voyaient plus. Son visage était méconnaissable. »
À Gaza, les hôpitaux sont à bout. Après des mois de bombardements ayant détruit équipements et stocks médicaux, les médecins font l’impossible avec le peu qu’il leur reste. Mohammed a été transféré de Kamal Adwan à l’hôpital indonésien, puis à l’hôpital ophtalmologique Al-Nasr à Gaza City, dans l’espoir de préserver ne serait-ce qu’une part de sa vision.
« Chaque jour, il me demande : “Papa, quand est-ce que je reverrai ?” Et je n’ai pas de réponse », confie son père, les larmes aux yeux. « Avant, il courait, il riait. Aujourd’hui, il reste allongé, prisonnier d’un monde sans lumière. Que lui a-t-il été reproché, sinon d’être né à Gaza ? »
L’histoire de Mohammed est loin d’être un cas isolé. Depuis octobre 2023, le nord de Gaza est jonché de munitions non explosées, transformant les ruelles en pièges mortels pour les civils qui tentent de revenir chez eux. Des enfants comme Mohammed paient le prix d’une guerre qu’ils ne comprennent pas, mais dont ils subissent chaque jour les conséquences.
Et pourtant, malgré la douleur, Mohammed s’accroche à un rêve simple : « Si Dieu le veut, je voyagerai et je reverrai », répète-t-il à chaque visiteur.
La prière de son père, elle, est un cri lancé au monde :
« Sauvez les enfants de Gaza. Ils n’ont rien fait. Mon seul souhait est que mon fils vive en paix... et qu’il voie, ne serait-ce que d’un seul œil. »