Gaza étranglée : quand le manque d’argent devient une stratégie de guerre

À Gaza, la guerre ne s’entend pas toujours par des explosions. Elle se glisse dans les files d’attente devant les distributeurs vides, dans les mains tendues des enfants affamés, dans les regards impuissants des parents qui comptent chaque pièce. La crise de liquidité qui ravage l’enclave palestinienne n’est pas un dommage collatéral : elle est devenue une arme économique délibérée.

Privée de ses banques, coupée du monde, Gaza ne fonctionne plus qu’au comptant. Mais ce liquide, rare et précieux, est devenu un luxe réservé à ceux qui acceptent d’en perdre une part douloureuse. Jusqu’à un tiers de la somme, en commissions, s’évapore avant même d’atteindre les poches des plus démunis. Pour les autres, il ne reste que le troc, la dette, ou l’abandon.

Dans ce chaos financier, les plus vulnérables paient le prix fort. Les commerçants, comme Abu Mustafa, ferment ou rationnent, incapables de répondre à une demande écrasée par la pénurie. Les billets, sales et froissés, sont parfois refusés. Et ceux qui profitent de cette désintégration économique opèrent dans l’ombre d’un marché noir nourri par le silence des institutions.

Ce siège monétaire ne vise pas seulement à appauvrir — il vise à briser. Il transforme chaque achat en combat, chaque retrait en humiliation. Il impose une taxe sur la survie elle-même. Mais au milieu de cette asphyxie programmée, les Gazaouis continuent de se tenir debout, de partager le peu qu’ils ont, de refuser l’effacement.

Car même privés de tout, ils ne renoncent pas à leur humanité.

Source : Safa News