Au cœur du cauchemar que traverse Gaza, ce qui était autrefois des bouées de sauvetage – centres d’aide, postes médicaux, files d’attente pour la nourriture – est devenu des pièges mortels. Bassem Zaqout, directeur de la Société de secours médical à Gaza, lance l’alerte : la situation humanitaire ne se détériore plus, elle s’est effondrée.
Les hôpitaux fonctionnent à peine, et des unités vitales comme celles de dialyse ont fermé. "41 % des patients souffrant d’insuffisance rénale sont déjà morts", révèle Zaqout, alors que les médicaments disparaissent et que les soins ne sont plus qu’un lointain souvenir.
Mais la souffrance ne s’arrête pas aux portes des hôpitaux : elle envahit les rues. Les routes de Gaza sont désormais bordées d’affamés et de personnes souffrant de malnutrition. Les corps des enfants dépérissent. Au moins 76 000 cas de malnutrition infantile ont été recensés, mais le chiffre réel est probablement bien plus élevé. Les atteindre relève de l’impossible dans un endroit où le pain est devenu un privilège.
Le plus terrifiant reste peut-être le sort des points de distribution d’aide, censés apporter du répit, mais transformés en zones de mort. "Vingt personnes ont été tuées aujourd’hui près d’un centre à Nuseirat", rapporte Zaqout. Il ne s’agit pas d’accidents, mais de frappes précises et répétées. Au moins 130 personnes ont été tuées et près d’un millier blessées alors qu’elles tentaient simplement d’obtenir de la nourriture. Sous les yeux du monde entier, les civils affamés de Gaza sont abattus.
Et le peu d’aide qui arrive reste symbolique, insuffisant, souvent utilisé pour blanchir l’image de ceux qui maintiennent le siège. Moins de 1 % des besoins réels de la population sont couverts, tandis que les bombes continuent de tomber et que les maladies se propagent dans les abris surpeuplés.
Gaza n’est pas au bord de la catastrophe. Elle la vit. Et chaque jour où le monde tarde à agir, d’autres civils sont condamnés à mourir, non par accident, mais par un système conçu pour les priver, les affamer et les réduire au silence.
Source : Safa News