À Gaza, le feu ne réchauffe plus, il ne fait que survivre

À Gaza, le feu n’est plus un symbole de chaleur ou de réconfort — il est devenu l’ultime moyen de survie. Privées du moindre accès aux nécessités de base par le blocus israélien, des familles en sont réduites à brûler les débris de leurs propres maisons pour cuire un repas. Depuis octobre 2023, le gaz de cuisine a totalement disparu, forçant des milliers de personnes à se rabattre sur des bouts de bois, du plastique et des meubles brisés — des combustibles toxiques qui empoisonnent l’air et les poumons.

La brève trêve de début 2024, qui avait apporté un semblant de répit, n’est plus qu’un lointain souvenir. Depuis sa rupture en mars, le gaz est à nouveau introuvable. Ce qui reste, c’est une lutte quotidienne pour ne pas mourir de faim. Des parents démontent désormais leurs derniers meubles — lits, armoires, portes — non par colère, mais par nécessité.

« Avant, je fabriquais des meubles, » raconte Mohammad Mousa, père de six enfants déplacé. « Maintenant, je brûle les miens pour nourrir les miens. » Son histoire est celle de milliers d’autres à Gaza. Le bois est devenu plus cher que la nourriture, et le désespoir pousse les familles à brûler plastiques et déchets, étouffant dans la fumée même qui les maintient en vie.

Les conséquences ne sont pas qu’économiques, elles sont profondément humaines. Les enfants tombent malades, les poumons se remplissent de suie, l’espoir s’effrite. « Nous suffoquons dans nos propres maisons, » témoigne Kamal Obeid, dont le plus jeune enfant souffre désormais de toux chroniques. « Ce n’est pas une vie. C’est survivre sous siège. »

Dans les quartiers réduits à l’état de gravats, des familles comme celle de Mouin Abd Al-Al ramassent des éclats de bois sur les ruines pour cuire une simple marmite de lentilles. « Nous faisons du feu avec les os de nos vies, » murmure-t-il.

Alors que l’air s’épaissit de fumée et de chagrin, Gaza envoie un message au monde : non pas politique, mais de douleur pure. « Nous ne demandons pas grand-chose, » supplie une mère. « Juste de pouvoir nourrir nos enfants sans réduire nos foyers en cendres. »

Source : Safa News