Une analyse récente publiée dans The Lancet et relayée par The Economist révèle une réalité terrifiante : le bilan humain à Gaza serait bien plus lourd que les chiffres officiels ne le laissent paraître. Selon les autorités sanitaires de Gaza, plus de 52 000 morts avaient été comptabilisés au 11 mai dernier. Mais les chercheurs estiment que le nombre réel de victimes pourrait s'élever entre 77 000 et 100 000 - soit près de 5% de la population totale de Gaza avant la guerre. Ces estimations alarmantes, établies en croisant diverses sources dont des dossiers hospitaliers et des témoignages en ligne, suggèrent que des milliers de noms ont disparu des registres officiels, engloutis par l'effondrement total des institutions gazaouies.

La tragédie dépasse largement le seul décompte des victimes directes des bombardements. Des milliers d'autres meurent dans l'indifférence générale, fauchés non par les explosions mais par la faim, les maladies non soignées et la destruction systématique du système de santé. Avec les points de passage fermés, les médicaments bloqués et les hôpitaux soit détruits soit submergés, l'ampleur réelle des pertes humaines ne sera probablement jamais connue avec précision.

Derrière ces chiffres qui donnent le vertige se cache une réalité encore plus insoutenable : des familles entières rayées de la carte, des quartiers réduits en poussière, une société tout entière poussée au bord du gouffre. Chaque jour apporte son lot de nouveaux morts, de disparus et de survivants condamnés à errer parmi les ruines de ce qui fut autrefois leur foyer. Pendant ce temps, la communauté internationale, sourde aux cris des rares témoins de cette catastrophe humanitaire, continue de détourner le regard, laissant Gaza sombrer un peu plus dans l'abîme.