Avant l'oubli : Gaza se souvient

Avant que les drones ne hantent son ciel, Gaza vibrait de vie. Les cours universitaires résonnaient de rires, les places publiques s'animaient de fêtes, les rues chuchotaient la poésie du quotidien. Le Grand Auditorium de l'Université Islamique, berceau d'ambitions, voyait défiler des diplômés fiers sous des banderoles d'espoir. Sa bibliothèque, sanctuaire de savoir, débordait de rêves. Aujourd'hui, elle n'est plus que ruines - ses livres brûlés pour se chauffer, ses murs recouverts de tentes et de chagrin.

Ces lieux sacrés du savoir sont devenus des abris pour déplacés. La place du Soldat Inconnu, la rue de la Police - autrefois grouillantes de vie - ne sont plus que des cimetières de souvenirs. L'âme de Gaza, jadis tissée dans chaque pierre, se déchire jour après jour.

Amal Al-Farrani, journaliste, se souvient de son université comme d'un bastion de dignité. Mais les guerres ont volé sa remise de diplôme. Aujourd'hui, elle craint moins le danger que l'effacement des mémoires. Elle s'accroche à l'odeur du café, au bruit des pas, aux rires d'enfants - ultimes résistances face à la destruction.

La journaliste Mona Al-Amaytl refuse de voir l'auditorium en ruines, se remémorant ses heures de fierté. Comme An'am Majed Odeh, première diplômée de sa famille, dont le rêve s'est dissous dans la cendre. Elle travaille aujourd'hui dans ce même auditorium transformé en lieu de souffrance.

C'est le drame invisible : la destruction des repères autant que des murs. Les tentes colonisent les cours, les fils électriques s'emmêlent aux souvenirs. Pourtant, dans ses cendres, Gaza résiste. Ses habitants cultivent une mémoire obstinée - dernier rempart contre l'effacement.

Source : Safa News