À Gaza, la quête de mémoire d’Asmaa

Asmaa Al-San’e avançait avec précaution parmi les photographies des disparus, son regard scrutant chaque détail : grains de beauté sur les joues, plis des vêtements, couleur d’une chaussure, à la recherche des traits de son mari, Salama Al-Aroqi, connu sous le nom d’Abu Yahya. Chaque image était une porte ouverte sur des histoires de douleur et de résilience. Les visages devant elle portaient les marques de la violence : défigurations, bandeaux sur les yeux, ecchymoses, traces de cordes et de fouets. Pourtant, elle ne reculait pas ; chaque détail observé était un acte d’amour, de loyauté et de mémoire.

Son chemin à travers le deuil et la détermination était incessant. Chaque jour, avant de commencer sa recherche, elle priait, cherchant la force pour affronter la dure réalité des images. L’anticipation était lourde, mais Asmaa ressentait un appel irrésistible vers la vérité. Lorsque le corps de son mari fut enfin localisé, le moment fut surréaliste : elle ne vit pas les cicatrices de violence qui hantaient d’autres, seulement sa forme intacte. La nouvelle arriva comme un souffle de miséricorde, et elle accepta les restrictions imposées pour le voir, trouvant dignité et réconfort dans le dernier hommage qu’elle pouvait lui rendre.

Asmaa parlait d’Abu Yahya avec amour et révérence, le décrivant comme brave, doux et protecteur, un père et mari dévoué. Sa quête, expliquait-elle, reflétait l’épreuve vécue par d’innombrables familles à Gaza ayant perdu leurs proches. Chaque photographie des disparus, chaque visage marqué, rappelait la souffrance collective endurée. Pourtant, au milieu de la douleur, la détermination d’Asmaa ne faiblissait jamais ; chaque larme retenue était un acte de résilience, chaque observation minutieuse d’une photo une affirmation de mémoire et de dévouement.

Pour Asmaa, cette recherche dépassait le cadre personnel : elle témoignait de la force d’un peuple confronté à des épreuves incessantes. Au cœur du deuil, de la perte et des traces obsédantes de la violence, elle trouva un chemin à travers le chagrin, guidée par la foi, l’amour et une détermination inébranlable à honorer la vie et la mémoire de son mari.

Source : Safa News