Gaza : Le pain de la terre et des larmes

À Gaza, la survie prend désormais la forme d’un pain cuit dans la boue. Dans les camps de déplacés, des femmes comme Oum Ahmad pétrissent à genoux, non plus dans des cuisines, mais dans la poussière, devant des fours improvisés en argile. Ces "tabouns", hérités d’un autre temps, sont redevenus essentiels, non par choix mais par désespoir. Depuis que le blocus s’est resserré en mars, le pain, déjà rare, est devenu un luxe. La farine se vend à prix d’or, quand elle existe. Le gaz a disparu. Les fours modernes sont devenus inutiles.

Ce n’est plus seulement un siège, c’est une guerre par la faim. Les points de passage sont hermétiquement fermés, les camions d’aide humanitaire bloqués à la frontière. À Rafah, où l’encerclement est total, chaque foyer est une scène de survie, chaque repas un acte de résistance. Oum Khaled, déplacée pour la troisième fois, témoigne d’un quotidien rythmé par les pénuries, la peur, et l’espoir ténu de nourrir ses enfants.

Le "taboun" devient alors plus qu’un four : c’est une promesse de vie, un foyer mobile que les familles déplacées traînent avec elles, entre les ruines et les tentes. Autour de lui, les femmes partagent la farine, le feu, le silence. Une solidarité que les bombes ne peuvent effacer.

Les appels de la communauté internationale restent étouffés par l’impunité. The Guardian et d'autres médias dénoncent une stratégie claire : affamer un peuple pour le soumettre. À Gaza, les mots comme "crise humanitaire" ne suffisent plus. C’est une guerre contre les vivres, contre la dignité.

Depuis le 18 mars, plus de 1 600 Palestiniens ont été tués. Le bilan dépasse aujourd’hui les 51 000 morts. Et pourtant, au milieu des décombres, Gaza continue de pétrir son pain dans la boue – un geste simple, obstiné, pour ne pas disparaître.

Source : Safa News