Dans les collines arides de la vallée du Jourdain nord, Yousef Bisharat, 47 ans, a vécu toute sa vie entre résistance et survie. Lorsque des soldats ont pris d'assaut sa modeste maison à Khirbet al-Makhoul, ils ont fait plus que l'arrêter : ils ont transformé son propre téléphone en instrument d'humiliation, le forçant à déverrouiller l'appareil avant de prendre des photos de son calvaire comme trophées grotesques. Libéré après des heures de sévices, il a découvert ces images destinées à le dépouiller de sa dignité devant sa famille et sa communauté, une pratique systématique documentée par les organisations de droits humains.
Pour Bisharat, cette cruauté n'est pas un acte isolé mais s'inscrit dans une campagne calculée de dépossession où colons et soldats agissent de concert pour étouffer la vie palestinienne. Sa famille de douze personnes vit sous menace constante, avec son bétail confiné, ses pâturages confisqués et ses enfants harcelés par des colons protégés par l'armée, dans une stratégie visant à vider méthodiquement la terre de ses habitants ancestraux. La violence, les raids et les confiscations font partie d'un plan délibéré d'annexion déguisé en mesures de sécurité, transformant la région en laboratoire de l'oppression où chaque jour apporte son lot d'humiliations.
Pourtant, malgré l'épuisement et la peur, Bisharat refuse de céder, déclarant : « Nous respirons notre dernier souffle dans la vallée du Jourdain, mais nous ne partirons pas ». Son défi reflète celui d'innombrables autres Palestiniens subissant une effacement au ralenti, leur résistance silencieuse devenant un acte de rébellion face à la machine d'occupation. Les défenseurs des droits humains documentent 327 cas d'expulsions forcées dans la région depuis janvier, mais des voix comme celle de Bisharat persistent, meurtries mais indomptées, rappelant au monde que la dignité, une fois violée, peut encore se muer en une ultime forme de résistance.
Source : Safa News