Jérusalem : Une Campagne de Démolition et d'Effacement Silencieux

Les résidents palestiniens de Jérusalem font face à une campagne de destruction croissante, avec plus de 620 habitations et structures détruites par les forces israéliennes depuis le début de la guerre sur Gaza en octobre 2023. Ce chiffre, révélé ce mercredi par le Gouvernorat de Jérusalem, dresse un tableau sombre de déplacements forcés et d’effacement systémique au cœur de la ville occupée.

Parmi les bâtiments démolis figurent des maisons familiales vieilles de plusieurs décennies, des commerces essentiels et des constructions inachevées, chacune représentant un moyen de subsistance anéanti. Des quartiers entiers, comme Hizma, au nord-est de la ville, ont été soumis à un siège militaire intense lors des opérations de démolition. Selon le Gouvernorat, ces actions s’inscrivent dans une politique plus large visant à dépouiller Jérusalem de son identité palestinienne, en remodelant la ville par la confiscation des terres, l’expansion des colons et des restrictions urbanistiques punitives.

L’un des aspects les plus cruels de cette politique est le nombre croissant de familles contraintes de démolir elles-mêmes leurs maisons pour éviter de lourdes amendes ou des peines de prison. Beaucoup ont déjà payé des sommes exorbitantes aux autorités israéliennes, tout en se voyant refuser le droit fondamental de reconstruire. Seulement 2 % des demandes de permis de construire palestiniennes sont approuvées, alors que les Palestiniens représentent plus d’un tiers de la population de Jérusalem.

Le Gouvernorat a souligné que ces démolitions constituent un déplacement délibéré. Confinés à seulement 13 % des terres de Jérusalem-Est et constamment ciblés par la violence des colons et la discrimination institutionnelle, les Palestiniens assistent, impuissants, à la disparition progressive du caractère arabe et islamique de la ville.

Qualifiant cette situation de crime de guerre, le Gouvernorat a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle agisse, exhortant la Cour pénale internationale et les agences de l’ONU à intervenir avant que les dernières traces de la vie palestinienne à Jérusalem ne soient effacées. "Ces démolitions ne sont pas des incidents isolés, mais un pilier central d’une stratégie calculée pour remplacer un peuple autochtone par une réalité coloniale", a-t-il averti.

Alors que le monde a les yeux rivés sur la destruction à Gaza, l’étouffement silencieux de Jérusalem se poursuit, pierre après pierre, maison après maison.

Source : Safa News