La soif, dernier front de la guerre contre Gaza

Alors que les bombardements israéliens continuent de frapper Gaza, une catastrophe plus insidieuse s'abat sur la population : l'effondrement total de l'accès à l'eau potable. Les dernières analyses du ministère palestinien de la Santé révèlent que plus de 25% des réserves d'eau sont désormais contaminées, transformant le simple geste de boire en un risque mortel pour les deux millions d'habitants pris au piège de l'enclave.

Dans les camps de déplacés surpeuplés, la situation atteint des niveaux critiques. Des familles entières sont contraintes de consommer une eau saumâtre qui provoque des épidémies de diarrhées, d'hépatite A et d'infections rénales. "Nous savons que cette eau nous empoisonne, mais nous n'avons pas d'autre choix", témoigne Ahmed Abu Rukba, père de quatre enfants dans le camp d'Al-Mawasi, où les files d'attente devant les rares citernes d'eau potable s'allongent à mesure que les températures estivales grimpent.

La destruction systématique des infrastructures hydrauliques par l'armée israélienne a réduit à néant le réseau d'eau de Gaza. Près de 90% des usines de dessalement et 80% des stations d'épuration sont hors service, obligeant les habitants à creuser des puits d'absorption de fortune qui contaminent les dernières nappes phréatiques. Chaque jour, 50 000 mètres cubes d'eaux usées non traitées se déversent directement en mer, transformant le littoral autrefois poissonneux en un cloaque pestilentiel.

Dans les hôpitaux déjà à bout de souffle, le manque d'eau stérile atteint des niveaux dramatiques. "Nous sommes réduits à opérer avec des instruments mal désinfectés et à faire des choix impossibles entre laver les plaies ou hydrater les patients", explique une chirurgienne de l'hôpital Al-Aqsa, sous couvert d'anonymat. Les cliniques mobiles enregistrent une explosion des maladies hydriques, particulièrement chez les enfants, dont les systèmes immunitaires sont affaiblis par la malnutrition.

Face à cette catastrophe humanitaire et environnementale, les appels des organisations internationales restent sans réponse. Alors que la saison estivale aggrave encore la crise, les spécialistes avertissent que Gaza pourrait devenir inhabitable bien avant la fin des hostilités. "Ce n'est pas une crise de l'eau, c'est une arme de guerre", accuse le professeur Munir al-Bursh, hydrogéologue à Gaza, dénonçant une stratégie délibérée pour rendre la vie impossible dans l'enclave.

Dans l'indifférence générale, les Gazaouis continuent leur lutte quotidienne pour survivre, confrontés à un dilemme impossible : mourir de soif ou s'empoisonner lentement. Une réalité que résume amèrement un vieux pêcheur de Gaza City : "Avant, la mer nous nourrissait. Aujourd'hui, elle nous rend malades.

Source : Safa News