Gaza : blessures ouvertes, vies brisées

Sur un vieux tapis effiloché, dans une tente dressée parmi les ruines de sa maison, Mohammad Al-Sayyed, 34 ans, tente de soulager son corps meurtri. Sa jambe droite, grièvement blessée lors d’un bombardement en octobre 2023, le fait souffrir à chaque geste. Les médecins de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa ont recommandé l’amputation, mais il a refusé, espérant toujours obtenir un transfert médical à l’étranger. Plus d’un an plus tard, ses appels restent lettre morte : chaque frontière fermée est une porte claquée sur son espoir de guérison.

L’histoire de Mohammad croise celle de Nariman Abdullah Al-Essa, quatre ans, blessée lors d’un bombardement aveugle le 26 juin 2025 près du carrefour Al-Samer. Sa maison a été réduite en gravats, sa mère tuée sur le coup, son frère grièvement blessé. Nariman a perdu une jambe, puis la vue de son œil droit. Sa petite voix réclame encore : « Ramenez-moi maman du paradis », alors que sa grand-mère tente de lui expliquer que « maman est partie chez Dieu ». Son corps porte désormais les stigmates d’une enfance volée.

Ces récits, loin d’être isolés, reflètent la tragédie de milliers de Palestiniens blessés, prisonniers d’un système de santé en ruine. Plus de 169 000 personnes ont été blessées depuis le début du génocide, dont plus de 19 000 nécessitent une rééducation de longue durée. Près de 4 800 amputations ont été recensées, dont une sur cinq concerne un enfant. Plus de 1 800 cas de paralysie et 1 200 de perte de vision ont été documentés, les enfants représentant une part importante. Des milliers attendent toujours une évacuation médicale qui n’arrive jamais.

Dans les hôpitaux bombardés, les ambulances détruites et les centres médicaux fermés, les blessures urgentes deviennent des handicaps permanents. La privation de soins transforme la douleur en condamnation à vie. À Gaza, chaque enfant amputé, chaque patient en attente de traitement est le visage d’une politique de guerre qui vise non seulement à tuer, mais aussi à laisser des générations entières marquées dans leur chair et privées d’avenir.

Source : Safa News