Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), a affirmé que la bande de Gaza est devenue le lieu le plus dangereux au monde pour les journalistes, après deux années d’une politique systématique d’assassinats menée par l’occupation israélienne pour faire taire les témoins. Il a averti que tolérer cette réalité reviendrait à faire du meurtre de journalistes « une arme de guerre normale ».
Dans une tribune publiée par le journal britannique The Guardian, Bellanger a écrit que jamais dans l’histoire du journalisme un tel massacre n’avait été observé. La FIJ — qui fêtera son centenaire en mai 2026 — n’a jamais enregistré un tel nombre de morts parmi les journalistes, pas même durant la Seconde Guerre mondiale, ni au Vietnam, en Corée, en Syrie, en Afghanistan ou en Irak. Gaza est ainsi devenue le plus grand cimetière de journalistes de l’histoire moderne. « L’Histoire sera clémente avec les témoins de Gaza », a-t-il souligné, rappelant que les noms d’Anas Al-Sharif, correspondant d’Al Jazeera, et de plus de 200 autres journalistes tombés sous les bombes resteront gravés, tandis que ceux qui ont choisi de réduire la presse au silence seront condamnés à jamais.
Privés d’accès à Gaza, les médias internationaux dépendent désormais exclusivement des journalistes palestiniens, majoritairement affiliés au Syndicat des journalistes palestiniens, membre de la FIJ. Bellanger a dénoncé la stratégie de l’occupation : tuer les témoins, fermer Gaza et effacer les récits. « Contrôler le récit, a-t-il insisté, est aussi important que contrôler le territoire. Occuper signifie aussi effacer les ruines, les morts, les survivants et ceux qui racontent leur histoire. » Il a déploré l’inaction de l’ONU et la complicité des grandes puissances qui, par leurs armes et leur silence, abandonnent les journalistes à leur sort.
La FIJ, de son côté, continue de soutenir les reporters palestiniens en leur apportant une aide directe via le Fonds international pour la sécurité, en relayant leurs récits à travers des reportages vidéo réguliers, et en appelant l’ONU à contraindre les États à protéger les journalistes et à sanctionner leurs assassins. Mais sur le terrain, les journalistes gazaouis poursuivent seuls leur mission, jusqu’à l’épuisement ou à la mort. Bellanger leur rappelle inlassablement : « Aucun reportage ne vaut une vie humaine. » Une règle de survie, plus qu’un slogan.
Il a conclu en mettant en garde contre l’abandon : « Israël tue les journalistes pour tuer la vérité — et un monde sans vérité est un monde livré aux bourreaux. »
Source : Safa News