Le village d’Atouf, au nord de la vallée du Jourdain, subit une campagne implacable de confiscation des terres et de pillage des ressources. Bulldozers et clôtures morcellent les champs, tandis que des colons armés, protégés par l’armée d’occupation, errent librement, s’appropriant les pâturages et coupant les familles de la terre qui les nourrit depuis des générations.

L’eau, autrefois abondante grâce aux puits locaux, est devenue une arme de contrôle. Les forages profonds réalisés par les colons ont asséché les nappes phréatiques, laissant les paysans palestiniens face à des champs arides et des troupeaux condamnés à la soif. Des puits qui produisaient autrefois des centaines de mètres cubes par jour ne livrent plus qu’un filet dérisoire, à peine suffisant pour les besoins essentiels, tandis que les colonies voisines prospèrent grâce aux ressources détournées.

Pour les agriculteurs et les bergers, l’impact est dévastateur. La confiscation des terres prive les familles de leur unique moyen de subsistance, tandis que les interdictions de pâturage et les saisies de troupeaux rendent la survie impossible. Certains voient leurs moutons mourir dans les enclos, incapables d’accéder aux pâturages. D’autres doivent acheter du fourrage coûteux ou transporter l’eau depuis des villages voisins, accumulant des dettes insupportables. Le quotidien est encore marqué par les manœuvres militaires, la surveillance par drones, les démolitions de maisons et les attaques de colons, autant de moyens destinés à pousser les habitants à l’exil.

Dans la vallée du Jourdain, où des dizaines de milliers de Palestiniens vivent encerclés par les colonies, le schéma est clair : la dépossession n’a rien d’accidentel, elle est systématique. Chaque champ confisqué, chaque maison détruite, chaque puits asséché participe à une lente asphyxie visant à effacer un peuple de sa terre. Mais malgré les pertes et la violence, les habitants d’Atouf restent debout, s’accrochant à leurs maisons et à leurs troupeaux, défiant une campagne qui cherche à les déraciner.