Pour la troisième année consécutive, les festivités de l’Eid à Gaza sont assombries par la guerre, les bombardements et un blocus implacable. Les familles, épuisées par des mois de violence et de destruction, tentent de préserver leurs traditions, oscillant entre résistance et désespoir. Les enfants, qui rêvaient d’un Eid paisible, se retrouvent confrontés au bruit des drones et au fracas des explosions. Pourtant, au milieu des ruines, les Palestiniens s'accrochent à leur foi, refusant de laisser la guerre effacer complètement la joie sacrée de cette fête.
Dans une école de l’UNRWA devenue un abri de fortune, Oum Ahmad, une mère déplacée, observe ses enfants avec un mélange de tristesse et de détermination. « Quel Eid, ma chérie ? Quelle joie ? » murmure-t-elle, les yeux emplis d’une douleur familière. L'année précédente, les bombardements avaient déjà anéanti toute possibilité de célébration. Aujourd'hui, avec l'inflation galopante et la pénurie de biens essentiels, acheter des vêtements neufs ou préparer des mets traditionnels semble impossible. Elle improvise donc avec le peu qu'elle a : quelques histoires pour divertir ses enfants, un modeste repas partagé, autant de gestes pour préserver, malgré tout, l'esprit de l’Eid.
Non loin de là, Hiba Atish lutte également contre le désespoir. « Avant, l’Eid était synonyme de robes colorées et de gâteaux au miel… Maintenant, je me bats juste pour trouver du pain », confie-t-elle, la voix brisée. Malgré le poids du deuil et l'angoisse permanente, elle s’efforce de sourire et de chanter avec ses enfants, comme un acte de résistance face à l'oppression. Pour elle, comme pour tant d'autres, ces petits moments de joie, volés à l’adversité, sont une manière de refuser l’effacement de leur dignité.
Khaled, un jeune homme dont la maison a été réduite en gravats et qui a perdu son emploi, incarne l’amertume qui ronge de nombreux Gazaouis en ce jour censé être festif. « Cette fête n’est qu’un jour de plus dans l’enfer », lâche-t-il, le regard vide. Autrefois, les rues de Gaza résonnaient de chants et de rires pendant l’Eid. Aujourd'hui, elles sont le théâtre d'une guerre interminable, où chaque explosion rappelle l'absence de futur.
Pourtant, au milieu de cette obscurité, des lueurs d’espoir persistent. Sarah, une fillette de dix ans, murmure timidement : « Je veux juste que la guerre s’arrête, pour pouvoir fêter l’Eid comme avant. » Une prière simple, mais qui résume l’aspiration de tout un peuple. Entre douleur et résilience, les Gazaouis continuent de célébrer, coûte que coûte. Car tant qu'ils honoreront l’Eid, ils refuseront d’abdiquer leur droit à exister, à espérer et à vivre.
Source : Safa News