Les déclarations récentes de Donald Trump ont une nouvelle fois mis en lumière le deux poids, deux mesures qui caractérise la politique occidentale face au conflit israélo-palestinien. L’ancien président américain a qualifié de "malades et pervers" ceux qui détiennent les corps des prisonniers israéliens à Gaza. Pourtant, cette même indignation fait cruellement défaut lorsqu’il s’agit d’Israël, qui retient depuis des décennies les dépouilles de centaines de Palestiniens, empêchant leurs familles de leur offrir une sépulture digne.

Selon la Campagne nationale pour la restitution des corps des martyrs, Israël détient actuellement 665 corps de Palestiniens dans ce que l’occupation appelle des "cimetières des numéros" ou dans des chambres frigorifiques. Parmi eux, 259 ont été tués depuis le 7 octobre 2023 lors des bombardements massifs sur Gaza, tandis que 67 autres sont des prisonniers décédés dans des conditions suspectes dans les geôles israéliennes. L’ampleur de cette politique brutale ne s’arrête pas là : au moins 59 enfants et neuf femmes figurent parmi les dépouilles retenues. Et selon certaines sources, ce chiffre pourrait être encore plus élevé, avec plus de 1 500 corps palestiniens conservés dans la base militaire de Sde Teiman.

La rétention des corps palestiniens par Israël ne date pas d’hier. Depuis les années 1960, cette pratique s’inscrit dans une logique d’humiliation et de pression psychologique sur les familles endeuillées. Refuser à un peuple le droit d’inhumer ses morts selon ses rites n’est pas seulement une violation du droit international, c’est une négation de son humanité. Pourtant, malgré les dénonciations des organisations de défense des droits humains, cette politique se poursuit en toute impunité.

Ce silence complice de la communauté internationale tranche avec l’émoi soulevé par la détention des dépouilles israéliennes à Gaza. Pourquoi cette indignation sélective ? Pourquoi le droit à une sépulture ne vaudrait-il que pour certains et pas pour d’autres ? Trump et d’autres dirigeants dénoncent avec virulence la résistance palestinienne, mais détournent le regard lorsque l’occupation applique ces mêmes méthodes, à une échelle bien plus vaste. Cet aveuglement délibéré contribue à renforcer le sentiment d’injustice ressenti par les Palestiniens, qui voient leurs souffrances reléguées au second plan, voire niées.

Face à cette hypocrisie flagrante, la Campagne nationale pour la restitution des corps des martyrs appelle à une mobilisation internationale pour exiger la restitution des dépouilles palestiniennes et le respect des droits humains fondamentaux. La question est claire : la communauté internationale choisira-t-elle enfin de défendre la justice pour tous, ou continuera-t-elle à se draper dans une morale sélective, dictée par des intérêts politiques et stratégiques ?