À Gaza, la faim a pris un nouveau visage. Devant les moulins à grains, des files d'attente insolites se forment - non pour de la farine, mais pour des paquets de pâtes. Des mères comme Inaya Marouf tentent désespérément de moudre ces spaghettis en une poudre ressemblant à du pain. Mais même cette fragile bouée de sauvetage dépend du carburant aléatoire. Quand les réserves s'épuisent, les machines s'arrêtent, et l'espoir avec elles.
Avec tous les points de passage fermés depuis plus de deux mois, Gaza est méthodiquement affamée. Le PAM et l'UNRWA confirment l'impensable : les stocks de farine sont épuisés. Les marchés sont vides. Les prix explosent. Les familles improvisent avec ce qu'elles trouvent.
Transformer des pâtes en farine ? Ailleurs, ce serait absurde. Ici, c'est une question de survie. Inaya a découvert que ce "pain de pâtes" a un goût étonnamment proche du vrai. Cette trouvaille a sauvé ses enfants d'une nuit de faim supplémentaire. Mais elle sait que ce n'est pas tenable : "Nos corps sont épuisés. Nous n'avons plus rien pour lutter."
Alaa Abu Humaidan partage ce calvaire. Depuis la disparition de la farine blanche, elle trempe des pâtes et des lentilles pour en faire une pâte informe, qu'elle mélange avec les dernières pincées de farine normale. "Ce n'est plus qu'une question de nourriture, mais de dignité. Nous faisons l'impossible pour que nos enfants ne meurent pas de faim sous nos yeux."
Chaque pain à Gaza est aujourd'hui un acte de résistance. Derrière chaque miche se cache une mère qui a marché des heures, attendu des jours, et inventé des solutions quand le monde détournait le regard. Gaza ne manque pas seulement de nourriture - on lui vole jusqu'à l'espoir.
Pourtant, dans ce silence assourdissant, un peuple persiste.
Source : Safa News