Les médecins de Gaza livrent désormais une double guerre : contre les bombes israéliennes, et contre un siège qui étrangle jusqu’aux derniers souffles de leur système de santé. Privés de fournitures médicales depuis mars, les hôpitaux se sont transformés en cimetières pour vivants. Des patients survivants des frappes aériennes succombent aujourd’hui à des maladies pourtant traitables, leurs médicaments retenus aux checkpoints tandis qu’Israël resserre son étau.
Les services de cardiologie tombent en silence. Les traitements contre le cancer sont interrompus à mi-parcours. Les malades chroniques rationnent des comprimés périmés. Même les antidouleurs ont disparu. « On regarde des gens mourir lentement, non pas de leurs blessures, mais du refus délibéré du monde de les laisser guérir », témoigne le Dr Zakaria Abu Qamar du ministère de la Santé de Gaza.
Les chiffres ne racontent que la moitié de l’histoire : 43 % des médicaments essentiels épuisés, 64 % des consommables disparus. Le reste s’écrit sur les visages des enfants attendant une chimiothérapie qui ne viendra jamais, des vieillards suffoquant sans oxygène, des chirurgiens opérant à la lumière des téléphones portables quand les générateurs s’éteignent.
Les frappes aériennes ont carbonisé les rares ressources restantes. Les entrepôts gisent sous les décombres. Les convois humanitaires pourrissent à la frontière, leur contenu — périmé depuis trois mois — désormais inutilisable. Gaza a besoin de 4 millions de dollars par mois pour maintenir ses hôpitaux en vie. À la place, elle reçoit davantage de bombes, de promesses trahies, et de morts silencieuses dans des salles où l’espoir était autrefois un remède en soi.
Depuis vingt mois, le monde regarde. Depuis vingt mois, Israël resserre le nœud coulant. Aujourd’hui, le système médical de Gaza exhale son dernier souffle — non dans un fracas, mais dans le murmure d’une perfusion qui se vide.
Source : Safa News