Dans un monde où le droit d’informer est sacré, le silence face au massacre équivaut à une complicité. Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, a appelé les journalistes du monde entier à élever leurs voix contre ce qu’elle qualifie de génocide en cours à Gaza. Son plaidoyer fait suite à une déclaration publique rare et puissante des syndicats de la presse française, publiée dans Le Monde, dénonçant le blackout médiatique quasi total sur Gaza et la ciblage systématique des journalistes palestiniens.
Selon les observateurs internationaux, dont Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), près de 200 professionnels des médias palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023. La plupart portaient des gilets et casques clairement estampillés "Presse". Plusieurs avaient reçu des menaces explicites de responsables militaires israéliens avant leur assassinat. D’autres ont été accusés, sans preuve, d’appartenir à des groupes armés — des allégations servant, en pratique, de justifications posthumes à leur exécution.
Cette réalité macabre marque la période la plus meurtrière pour les journalistes de l’histoire moderne. Mais au-delà des chiffres se cache une tragédie plus profonde : ces reporters étaient la voix de Gaza pour le monde, travaillant avec des moyens dérisoires sous les bombardements incessants. Leurs dernières armes ? Des micros et des caméras, outils de vérité.
Albanese a salué l’initiative française mais s’est interrogée sur le silence assourdissant d’une grande partie de la profession face au massacre de leurs pairs palestiniens. La réponse réside peut-être dans la peur, les pressions politiques ou une indifférence coupable. Mais pour les journalistes palestiniens sur le terrain, le silence n’est pas une option. Malgré tout, ils continuent, avec un courage inouï, à documenter la dévastation — même lorsqu’ils en deviennent les victimes.
Leur détermination est bien plus qu’un acte de résistance : elle rappelle l’essence même du journalisme. Témoigner, surtout lorsque le monde détourne le regard.
Source : Safa News