Alors que la Pâque juive commence, la vieille ville de Jérusalem se transforme une nouvelle fois en zone militaire. Des milliers de soldats israéliens, appuyés par des checkpoints et des barrages, verrouillent les accès à la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. Pour les Palestiniens, cette période n’est pas simplement une fête religieuse : elle marque le début d’une saison redoutée de provocations, d’incursions organisées et de tentatives répétées d’imposer une nouvelle réalité sur les lieux sacrés de Jérusalem-Est occupée.
Ce qui devrait être une célébration spirituelle est perçu par les Palestiniens comme une opération orchestrée de judaïsation. Des extrémistes religieux, encouragés par un gouvernement israélien complaisant, multiplient les appels à organiser des rituels bibliques à l’intérieur même de l’enceinte d’Al-Aqsa – incluant des sacrifices d’animaux et des cérémonies se référant au "Temple", dans une volonté assumée de réécrire le paysage religieux et historique de la ville.
Derrière ces actes se dessine une stratégie plus large. L’intrusion de figures vêtues en prêtres du Temple, les prières dirigées vers le Dôme du Rocher et les appels à ériger un autel dans les cours de la mosquée sont vécus par les Palestiniens comme une agression directe à leur identité et à leur patrimoine. Al-Aqsa n’est pas qu’un lieu de prière : elle est le symbole d’une résistance collective face à des décennies d’occupation et d’effacement culturel.
Le calendrier renforce l’inquiétude. De la Pâque au mois de Tishri, plusieurs fêtes israéliennes s’accompagnent régulièrement de tensions croissantes autour d’Al-Aqsa. Ces dernières années, le croisement de la Pâque et du Ramadan a souvent débouché sur des scènes de violence, de répression et d’expulsions. Aujourd’hui, les appels de groupes extrémistes à sacrifier des agneaux sur l’esplanade, combinés aux gestes provocateurs de responsables politiques israéliens, font craindre une nouvelle escalade incontrôlable.
Ce qui se joue à Jérusalem dépasse le simple différend religieux. C’est une lutte pour la souveraineté, la mémoire et la survie d’un peuple qui refuse de voir son histoire effacée. Face à plus de 1 500 incursions documentées l’année dernière, le silence complice de la communauté internationale laisse le champ libre à ceux qui veulent redessiner Jérusalem sans ses habitants palestiniens.
Pour les Palestiniens, défendre Al-Aqsa, c’est défendre l’âme même de leur patrie.
Source : Safa News