Depuis près de cinq mois, Jenin et ses villages voisins en Cisjordanie occupée subissent une campagne militaire israélienne implacable. Ce qui n'était au départ que des raids ponctuels s'est transformé en une militarisation totale de quartiers entiers, forçant des dizaines de familles palestiniennes à fuir leurs foyers.

Ces derniers jours, les habitants de localités comme Anin, Rummana et Nazlat al-Sheikh Zaid ont vu leurs maisons se transformer en positions militaires israéliennes fortifiées. Expulsés du jour au lendemain, ils n'ont eu d'autre choix que de partir. Le bruit des armes à feu, des grenades lacrymogènes et des véhicules blindés a remplacé le calme du quotidien.

À Rummana, 11 habitations servent désormais de postes militaires, tandis que les familles s'entassent chez des proches sans savoir quand elles pourront rentrer. À Anin, cinq foyers - dont des enfants et des personnes âgées - ont été chassés par des soldats qui ont investi leurs toits et leurs pièces à vivre. Ces occupations stratégiques offrent à l'armée israélienne un avantage tactique, mais au prix du déracinement de communautés entières.

Les habitants dénoncent des humiliations, des raids à toute heure et des jeunes arrêtés sans motif. Un lycéen aurait été maintenu des heures menotté et les yeux bandés avant d'être relâché. Les commerces sont fermés, les routes bloquées, et la peur plane sur la région.

Ce qui se joue à Jenin dépasse l'opération militaire : c'est une punition collective. Les foyers ne sont plus des refuges, mais des avant-postes de l'occupation. Pour les habitants de Jenin, le message est clair : aucun endroit n'est sûr.

Jusqu'où faudra-t-il que l'occupation pénètre dans l'intimité des foyers palestiniens pour que le monde réagisse ?